Le débat sur l’éolien s’invite à Tréban

Malgré un épais brouillard qui sévissait sur la région samedi en fin d’après-midi, plus de 50 personnes, quelques élus du secteur dont le Maire de Treban, se sont retrouvées à la salle polyvalente de Treban, pour assister à une « réunion-apéro » organisée par l’Association Bourbon’Air. L’un des objectifs de la réunion était de présenter de façon critique au public, l’étude d’impact du projet éolien porté par Voltalia sur la commune et dont Bourbon’air s’était procuré la synthèse non technique. 

Les études d’impacts sont un prérequis à la demande d’autorisation environnementale et à toute décision préfectorale d’agrément de parc éolien. Une bonne compréhension de la méthodologie, et des éléments de langages spécifiques à ces documents est importante pour que, en tant que citoyen, nous puissions aborder les études d’impact des projets éoliens et en tirer des réflexions critiques, afin de contribuer utilement aux enquêtes publiques qui vont être, ensuite, diligentées.  La seconde partie de la réunion traitait des nuisances de l’éolien sur la santé humaine  et de leur récente reconnaissance juridique. 

L’Etude d’impact un décodage nécessaire…

 Nous avons donc passé en revue, les concepts-clés utilisés dans les études avant d’analyser certains aspects spécifiques de l’étude d’impact du projet Voltalia, pour en mettre en évidence les éléments de langage et surtout les faiblesses, en particulier conceptuelles et méthodologiques. Cet exercice de sémantique est d’autant plus important qu’aujourd’hui en matière de projet éolien, la concertation se limite souvent à des enquêtes de contexte et, en l’absence de réunions publiques, le citoyen est assez mal préparé au jargon des experts et de l’administration, l’ensemble des concepts utilisés dans ces études étant prescrits par le Ministère de la Transition Ecologique dans le «Guide relatif à l’élaboration des études d’impact des projets de parcs éoliens terrestres, Oct. 2020 » La principale difficulté est bien d’identifier le sens que prennent des notions du langage commun comme « l’état initial » d’un territoire ou encore les notions « d’enjeu environnemental », de « sensibilité » ou « d’impact », notions qui sont assorties d’évaluations subjectives dont on doit pouvoir appréhender le principe pour pouvoir les analyser de façon critique, voire les remettre en question. Car ces études ne sont pas le fruit d’une science exacte même si elles doivent suivre une méthodologie et, elles sont diligentées par des opérateurs industriels dont l’objectif est de mettre en place des zones industrielles éoliennes pour en tirer un profit commercial. En effet, devant une analyse d’impact environnemental – même minimisée, le principal objectif assigné au promoteur éolien est de proposer des mesures d’évitement ou de réduction afin de ramener les éventuels impacts environnementaux identifiés (physiques, biodiversité, humain, paysages) à un niveau supposé négligeable et,  d’obtenir des services de l’état l’autorisation de pouvoir construire leurs parcs éoliens. 

Nul ne sait, à priori,  faute de recul, si les mesures proposées sont pertinentes, suffisantes ou même utiles ! Dans une seconde partie de la discussion, nous avons présenté des exemples pris dans l’étude d’impact du projet de Treban, illustrant ce qui précède et montrant souvent la faiblesse des mesures proposées par le promoteur… Par exemple, les études acoustiques dont se vante le promoteur dans cette étude restent un mystère, il est néanmoins fait état de mesures de bridage (réduction) dont on doit croire « sur parole » – puisqu’il n’est fait état dans ce document d’aucune description objective des mesures envisagées, qu’elles ramènent les impacts sonores des éoliennes à un niveau négligeable… Alors,  pourquoi le représentant du promoteur, proposa-t-il à un riverain de lui financer une véranda sur la façade de sa maison opposée aux éoliennes, afin qu’il puisse « profiter de son jardin sans les nuisances sonores » ?…  

La plus caricaturale est peut-être l’exemple suivant : face à un enjeu paysager relativement fort dans la zone d’étude de proximité, du fait de l’impact visuel des éoliennes de 200 m de haut, le promoteur propose de créer une bourse aux arbres et la mise en place de haies d’arbres de 5 m de haut pour un budget de 12 850 euros, soit entre 10 et 20 arbres !  Cela prêterait à rire si, derrière la haie proposée, ne se trouvaient pas des riverains dont le cadre de vie sera irrémédiablement défiguré et, le patrimoine sérieusement dévalué… Doit-on laisser passer ce type de proposition sans réagir ? Non – bien sûr !

La lecture de cette étude confirme que les mesures de compensation n’ont en général que peu de  justification scientifique, écologique ou même économique : Construire un parc éolien géant en détruisant : des kilomètres de bocage, véritable réservoirs de biodiversité, les sous-sols en les remplissant de bétons  et « compenser » par la plantation de quelques dizaines d’arbres immatures et par les revenus que vont recevoir les collectivités pour financer des mesures dérisoires comme  « la création d’aires de piquenique ou de vergers pédagogiques » c’est comme encourager la consommation de tabac en prétendant que l’argent collecté servira à soigner le cancer du poumon… Il est donc fondamental, compte tenu de l’anarchie du développement éolien dans l’Allier, avec plus de 60 projets industriels privés, que chacun se sente concerné et prenne connaissance des études d’impact – ou tout au moins de leur résumé, pour ensuite contribuer de façon éclairée aux enquêtes publiques…

Les nuisances des éoliennes pour la santé humaine enfin reconnues…

Le second sujet présenté et débattu lors de la réunion tournait autour des nuisances des éoliennes sur la santé humaine. Le fameux « syndrome éolien » dont il est vrai, la caractérisation en tant qu’en maladie reste un champ d’investigation scientifique, mais dont la reconnaissance juridique vient d’avoir lieu au travers du jugement rendu récemment par la Cour d’Appel de Toulouse condamnant un promoteur éolien à verser une indemnité substantielle à des riverains pour trouble anormal du voisinage. Outre le fait que ce jugement constitue un précédent historique dont tout riverain de parc subissant des nuisances pourra saisir les tribunaux, cette présentation fut également l’occasion de mettre l’accent sur la faiblesse des évaluations sanitaires menées lors des études d’impact et de la légèreté avec laquelle on traite le problème en France, en maintenant la distance entre éoliennes et habitations à 500 mètres, alors que dans la plupart des pays européens elle est d’au moins le double… En clôture de la présentation, le témoignage saisissant d’émotion d’une habitante de Quinsainnes – une voisine, pour ainsi dire, riveraine d’une éolienne située à 600 mètres de son habitation venait illustrer les nuisances sanitaires qu’elle et son fils, subissent depuis que le parc a été mis en service il y a quelques mois, montrant au combien les mesures de réduction promises par les promoteurs sont inefficaces.


Les questions et remarques dans l’assistance furent nombreuses et la discussion se prolongea autour de l’apéritif dinatoire jusqu’à 22 heures 30, révélant à la fois l’inquiétude et l’espoir, ce que résumait la question d’une participante « Peut-on revenir en arrière lorsqu’une municipalité a accepté un projet d’éoliennes ? »… et bien oui ! car si la transition écologique est nécessaire, les éoliennes ne sont – en tout cas dans l’Allier, ni une nécessité, ni une fatalité. 

Nous devons développer l’information citoyenne, de nombreuses questions tournent autour du démantèlement des éoliennes, de la dévalorisation des biens immobiliers ou encore de l’impact sur la santé des animaux d’élevage et, nécessitent de ne pas laisser la communication sur ces sujets aux seules voix des promoteurs industriels. Nous ne pouvons qu’encourager les collectivités à mettre en place de véritables consultations citoyennes, sans se laisser enfermer dans une parodie de concertation telle que celle réalisée à Treban par le promoteur Voltalia, et qui se résume à une enquête d’opinion dont les résultats, comme nous l’avons montré sont sujets à caution et font le seul jeu des promoteurs industriels. 

4 commentaires sur « Le débat sur l’éolien s’invite à Tréban »

  1. La réunion fut très bien conduite, ceci dit sans flatterie.
    Tout notre problème est d’arriver à remplir des salles une fois de plus.
    Bourbonn’air fait certainement un des plus gros effort de communication.
    Personnellement je pense qu’il faudra envisager une nouvelle MANIFESTATION comme nous avions fait à St Pourçain, où près de 400 personnes étaient venues. Par contre la faire au niveau départemental et à Moulins.

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    1. Merci pour ce commentaire Jean-François, notre objectif dans ces réunion-apéros est de réunir entre 50 et 80 participants avec une majorité de nos adhérents du secteur, cela permet de gérer la logistique et aussi de privilégier les moments d’échanges notamment avec les personnes venues pour « voir ». Pour réunir 400 personnes et plus dans une ville comme Moulins, il faut une coordination départementale. Bourbon’Air est sans doute l’association qui compte le plus de membres aujourd’hui, mais une manifestation est du ressort du Collectif Allier Citoyen qui devra mobiliser les 25 associations de l’Allier…

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